Mathilde Méjanès

Les dessins de Mathilde Méjanès s’abordent comme un tendre retour au monde de l’enfance, une sublimation des jours heureux, suspendus par l’insouciance, et dans lesquels elle puise toute sa force et toute son inspiration.

Par sa technique, elle nous replonge au sein même de la spontanéité du processus créatif de nos dessins d’enfant, ceux qui découvrent chaque jour le monde avec des yeux neufs, avides et émerveillés.

 

Depuis toute petite, ses vacances passées en Provence, non loin de la montagne Sainte-Victoire,ont fortement imprimé son imaginaire. Cet endroit préservé, si important à ses yeux, et qu’elle aime définir comme son « havre de paix », a su garder en son sein une infinité de souvenirs heureux.

Il s’agit de tous ces bons moments qui sont source de joie et de réconfort pour chacun d’entre nous : les déjeuners en famille à l’ombre du soleil, les pique-niques improvisés sur l’herbe, les discussions au bord de la piscine, les balades au coeur des marchés provençaux.

 

Aujourd’hui, les moments privilégiés qu’elle continue de passer dans cet endroit ensoleillé, si cher à son cœur, viennent convoquer tous ces souvenirs qu’elle se plaît à nous faire partager par ses dessins pleins de générosité.

 

Ces dessins sont réalisés sans prétention, en une fois, comme un dessin d’enfant, dans un bref instant d’inspiration fulgurante, quand le souvenir se fait trop fort et qu’il doit être couché sur le papier.

 

Pour répondre à cette nécessité, les pastels gras ont naturellement été adoptés, parce que leur facilité d’utilisation offre la possibilité d’un dessin rapide et instantané. De plus, cette technique permet de rendre compte de ce mouvement spontané en simplifiant le trait et en épurant le sujet au maximum, comme avec des crayons de couleur rangés au fond du cartable.

 

Si les dessins sont d’une apparente naïveté, c’est pour mieux inviter le regard à s’y plonger facilement, comme une douce invitation à la déconnection, la possibilité d’une parenthèse enchantée dans un monde brutal et anxiogène.

 

On y retrouve des symboles simples et naïfs du bonheur : le soleil rayonnant qui montre l’omniprésence du beau temps, le ciel toujours bleu qui renvoie à un monde apaisé et plein de quiétude, le palmier qui rappelle des vacances rêvées et paradisiaques, la piscine qui offre la possibilité d’un corps léger et en apesanteur.

 

Afin de rendre les dessins lumineux, les couleurs sont franches, vives et affirmées, allant même jusqu’à l’exagération, pour proposer des associations chromatiques inattendues et très contrastées, permettant de solliciter tout un imaginaire purement onirique. Ces aplats de couleurs très vifs, sans nuances, sont adoucis par la féminité d’un trait arrondi, comme dans une quête de bonheur perpétuel.